Rencontre avec Diane Kruger, bouleversante dans « In the Fade »
Entre Hollywood et Paris, Diane Kruger avait presque oublié d’où elle venait. Son premier film allemand, « In the Fade », lui a valu le prix d’interprétation à Cannes et l’a fait renouer avec son pays. Elle est devenue Katja, qui voit mourir son mari et son fils dans un attentat raciste. Un rôle qui a durablement bouleversé l’actrice.
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La rencontre n’a rien de solennel. Diane Kruger est en shooting, un matin de novembre, à Paris.L’endroit trouvé par la production est un grand appartement presque vide du 2ème arrondissement, un appartement sans attaches.Idéal pour servir de set à des photographes.On se souvient l’avoir rencontrée en 2009, pour Vogue,à un moment où il se passait quelque chose dans sa «carrière»(on met le mot entre guillemets car chaque fois qu’elle l’utilise en vous parlant, elle ne peut s’empêcher de retenir un sourire) :elle venait de jouer pour Tarantino Inglourious Basterds, la presse intergalactique s’accordait à dire qu’elle y était géniale, sa présence ne souffrait aucune contestation. Pour l’entretien, elle avait pourtant choisi un petit café absolument normal et anonyme.Ce matin-là, l’intelligence, la lucidité qu’elle avait envers le métier d’actrice ou celui de mannequin nous avaient sidérés.Normale et sans attaches, ces deux mots vont bien à la plus parisienne des Allemandes, la plus hollywoodienne des Françaises. Mais revenir aux racines, à l’Allemagne qui l’a vue naître, c’est ce dont on voudrait s’entretenir avec elle. Parce que c’est en Allemagne, à Hambourg, qu’elle a tourné ce qui restera l’un des films essentiels de sa carrière : In the Fade, de Fatih Akin. Cette formule-là, «un film essentiel», on l’a tant de fois servie qu’il est permis à celles et ceux qui nous lisent de ne plus la croire. D’abord, c’est une formule qui dépend souvent du succès commercial. Pas là. Akin n’est pas un cinéaste commercial.Il a quelques beaux succès d’auteur à son actif, que l’on repense au génial Head On en 2004, ou à ce film divisé, qui manqua de peu la Palme d’or 2007, De l’autre côté, qui parlait d’Istanbul politiquement en feu, de cette Turquie où Akin, enfant de Hambourg (il y est né en 1973), a ses origines. In the Fade a clivé lors de sa présentation à Cannes en mai dernier. Il ne pouvait en être autrement devant un film qui affronte une foule de questions et se transforme deux ou trois fois (dont une fois en film de procès et une autre fois en western moderne) pour essayer deleur apporter une réponse. Mais c’est surtout le film qui a permis à Diane Kruger de remporter le Prix d’interprétation cannois.
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Alors forcément, c’est important. Forcément, ça va compter.Forcément, la presse va écrire : « film phare ». Sauf qu’encore une fois, ce prix, magnifique, mérité, est une splendide cerise sur un puissant gâteau. L’important pour elle est ailleurs : elle devait faire ce film, en Allemagne où elle n’avait encore jamais tourné. »Mais jusque-là, il n’y avait aucune proposition de leur part. Peut-être m’en ont-ils voulu… » De quoi pourrait-on bien en vouloir à Diane Kruger ? Faites un sondage auprès des journalistes, des gens du métier,elle est à la fois admirée et toujours qualifiée d’adorable. C’est quelqu’un qui parle sans filtre et vous fait oublier sa célébrité.On soupçonne même qu’elle préférerait marcher dans les rues sans cette aura qu’elle dégage, qu’elle a toujours dégagée. Quand elle était mannequin d’abord, puis quand, à partir de 2002, le cinéma est venu à elle et qu’elle s’est laissée approcher par cette machine compliquée, qui change beaucoup de monde. Mais pas elle.Alors pourquoi l’Allemagne lui en voudrait ? « L’éloignement. Ma carrière, je l’ai faite entre la France et les États-Unis. » Oubliant au passage de jouer ce que Fassbinder appelait « une femme allemande », ce qui veut dire un personnage qui porte les choix et les accidents de son pays à bout de bras. »Mais c’est normal : d’abord je suis partie d’Allemagne il y a vingt-cinq ans. Et quand j’en suis partie, je n’étais pas actrice,ce qui veut dire que je n’ai pas d’agent là-bas. Il a fallu que je vienne à eux. » Qu’elle vienne à Fatih.
Découvrez la suite de l’entretien dans le numéro de février de Vogue Paris, en kiosques le 26 janvier prochain.
Source: Vogue
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