L’ hémisphère sud, austral ou méridional est la moitié qui s’étend entre l’ équateur et le pôle Sud d’une planète.
Une collection d’images d’animaux de cette zone australe.
SOUTHERN ANIMALS
NATURAL LANDSCAPES
LA PHOTOGRAPHIE PRIX 2024
NORTHERN ANIMALS
Les régions du Nord et du Grand Nord offrent un aperçu captivant de la faune qui a évolué pour résister aux conditions extrêmes de ces environnements glacés. Des adaptations uniques aux stratégies de survie ingénieuses, ces animaux ont su s'adapter pour prospérer dans des habitats souvent rudes et impitoyables.
L'ours polaire règne en tant que monarque incontesté des régions polaires, avec sa silhouette imposante et son pelage blanc distinctif. Sa fourrure épaisse l'isole du froid, tandis que sa couche de graisse sous-cutanée lui sert de réserve d'énergie en période de pénurie alimentaire. Les ours polaires dépendent principalement des glaces marines pour chasser les phoques, leur principale source de nourriture.
Le renard arctique, avec son pelage d'hiver blanc ou bleu-gris, est un maître du camouflage dans les paysages enneigés. Sa fourrure épaisse et douce le protège du froid, tandis que ses petites oreilles minimisent la perte de chaleur. Cet animal habile est un opportuniste, se nourrissant de petits mammifères, d'oiseaux, d'œufs et de charognes.
Les vastes troupeaux de caribous effectuent des migrations épiques sur des distances impressionnantes pour trouver de la nourriture et des conditions de vie plus favorables. Leurs sabots larges agissent comme des raquettes à neige, ce qui leur permet de se déplacer efficacement dans la neige profonde. Les caribous sont une source de nourriture vitale pour de nombreux prédateurs, notamment les loups et les ours.
Le lagopède des neiges est un oiseau dont le plumage change en fonction des saisons. Son plumage d'été est brun moucheté pour se fondre dans les toundras dénudées, tandis que son plumage d'hiver est blanc pour une meilleure dissimulation dans la neige. Ces oiseaux sont bien adaptés à leur environnement et préfèrent se cacher plutôt que de s'envoler pour échapper aux prédateurs.
Le morse, avec ses impressionnantes défenses et sa nature sociable, est bien adapté à la vie dans les eaux glacées. Ses défenses sont utilisées pour percer la glace et aider à se déplacer. Les morses se nourrissent principalement de mollusques et d'invertébrés marins trouvés au fond de l'océan.
Les animaux du Nord et du Grand Nord sont des exemples exceptionnels de la résilience et de l'ingéniosité de la nature. Leur capacité à s'adapter aux conditions les plus rudes témoigne de la diversité et de la complexité de la vie sur notre planète, ainsi que de la manière dont la faune peut survivre et prospérer dans des environnements apparemment inhospitaliers.
TRAVELS
FASHION
La route de la soie
Outre les échanges commerciaux, la route de la Soie reliant la Chine et la Rome antique a également favorisé la transmission de croyances et de traditions. Vendredi, 19 janvier
DERRIÈRE LA GRANDE MURAILLE
Les Chinois n'ont pas cherché à exporter la soie au-delà de leurs frontières jusqu’à ce que les circonstances les y obligent. À la fin du 3e siècle av. J.-C., l’Empereur Qin Shi Huang (dont le règne s’étale de 221 à 210 av. J.-C.) entreprend la construction de forts dans le nord du pays, posant ainsi les bases de ce qui allait devenir la Grande Muraille. Son objectif est alors d’endiguer les incursions des tribus nomades Xiongnu. Au fil du temps, le mur se révèle être insuffisant et en 138 av. J.-C., l’Empereur Han Wudi tente une approche nouvelle. Il essaie alors de sceller une alliance avec les Yuezhi, une tribu d’Asie centrale ennemie des Xiongnu.
Zhang Qian, jeune officier de la garde du palais de l’Empereur, se voit confier les rênes de cette mission diplomatique. Afin de rencontrer les Yuezhi, il doit passer par le territoire ennemi situé au nord-ouest et est fait capturé par les forces Xiongnu. Il ne remettra les pieds en Chine que 13 ans plus tard, après de longues années d’emprisonnement et l’échec de la mission qui lui avait été confiée.
Toutefois, grâce à cette aventure et à d’autres, les contrées mystérieuses de l’Ouest, à savoir l’Inde et l’Empire parthe qui correspondent aujourd’hui aux régions du nord-est de l’Iran, n'ont plus de secret pour Zhang Qian. Dans la vallée de Ferghana, au nord de l’Hindou Kouch, il découvre des chevaux bien plus grands que ceux qu’il a l’habitude de voir en Chine et estime que les bêtes seront de précieux atouts pour l’armée chinoise. En Parthie, il aperçoit les vestiges de la culture hellénistique établie par Alexandre le Grand en Asie centrale, premier contact majeur entre la Chine et la société indo-européenne. Point plus important encore, il discerne une convoitise largement répandue pour la soie chinoise.
Suite aux rapports de Zhang Qian à son retour en Chine, la dynastie Han voit dans le commerce vers l’ouest de nombreux avantages, notamment l’espoir d’obtenir les meilleurs chevaux de la vallée de Ferghana. Les responsables savent qu’il leur serait possible d’échanger leur soie contre ces chevaux. Ce commerce relierait alors la Chine aux marchés lucratifs de l’Occident, dont le monde romain à l'époque en pleine expansion.
L’itinéraire ne doit rien au hasard. Au 5e siècle av. J.-C., le vaste Empire perse avait déjà amélioré les déplacements à travers l’Asie occidentale et l’expansion à l’est d’Alexandre le Grand avait jeté les bases du commerce trans-asiatique. Il n’en demeure pas moins que les aventures extraordinaires de Zhang Qian constituent des étapes essentielles dans la création de la route de la Soie.
CONTRE NEIGE ET TEMPÊTES DE SABLE
La capitale chinoise de l’époque, Chang’an (aujourd’hui Xi’an), constitue le point de départ de cette route commerciale. La route de la Soie n’était pas une autoroute à proprement parler mais un réseau de routes sinueuses s’enchevêtrant d’est en ouest. Depuis Chang’an, à titre d’exemple, une branche se dirigeait au sud-ouest jusqu’à l’embouchure du Gange, en Inde. Les produits de luxe transitant vers l’ouest comptaient des jades, des carapaces de tortues, des plumes d’oiseaux et, bien évidemment, de la soie. Les marchands apportaient également des métaux (de l’argent, du fer, du plomb, de l’étain et de l’or) ainsi que des denrées alimentaires (des épices dont du safran, du thé, des carottes et des grenades). En 102 av. J.-C., les Chinois contrôlent les déplacements le long de la route de la Soie jusqu’à la vallée de Ferghana. Si les marchandises parcourent des milliers de kilomètres dans les deux directions, les marchands ne traversent probablement que de brèves portions de route. Lorsqu’ils rejoignent la ville suivante, ils vendent leurs marchandises aux locaux, qui parcourent à leur tour une autre portion de route et commercent avec les marchands qu’ils rencontrent. L’oasis de Dunhuang est le principal poste de douane chinois de l’époque. Les commerçants se rendant à l’ouest y font une halte de plusieurs jours afin d’y payer leur droit de sortie, tandis que des soldats fouillent précautionneusement leur cargaison pour s’assurer que personne ne sort illégalement du pays des vers à soie ou des cocons. Depuis l’oasis, la trajectoire en direction de l’ouest se divise en trois routes principales. Les deux routes situées au nord contournent de chaque côté les montagnes célestes du Tian Shan, dont les cimes s’élèvent à 7 315 mètres de hauteur. La troisième route prend la direction du sud et passe par Khotan, célèbre pour ses tapis de soie et située à proximité de la ville chinoise d’Hotan aujourd’hui. Cette route borde l’infranchissable désert de Taklimakan, où les températures extrêmes et les tempêtes de sable coûtent la vie à de nombreux nomades. Les routes du nord et du sud se rejoignent près de Kashgar, à la frontière de la Chine et du Kirghizistan actuels. Les marchands franchissent ensuite les montagnes du Pamir sur d’étroits sentiers enneigés, avant de descendre dans la vallée de Ferghana. Ils se reposent dans un lieu situé dans les environs et désigné par Ptolémée, géographe égyptien du 2e siècle ap. J.-C., comme la « tour de pierre ». Considérée comme la ville actuelle de Taxkorgan par les historiens contemporains, elle était, selon Ptolémée, le centre névralgique de la route de la Soie. À l’image d’autres villes qui ponctuent la route, des marchands venus de toute l’Asie centrale attendent pour y commercer. Parmi eux, les Sogdiens, dont les terres entourent la ville commerciale de Samarcande, en Ouzbékistan, et qui deviennent les intermédiaires les plus importants de la route de la Soie reliant la Chine et l’Occident. Encore plus à l’ouest, les Parthes affluent sur les routes qui traversent leurs terres, situées dans des régions de l’Iran, de l’Irak et du Turkménistan contemporains, où se trouve la grande ville marchande de Merv. Les rois parthes bâtissent des caravansérails afin d’y accueillir les marchands et leurs chameaux le long de la route menant à Ctésiphon, leur capitale au 1er siècle av. J.-C. située près de l’actuelle Bagdad. Ils traversent ensuite les déserts de Syrie par Palmyre jusqu’à la Méditerranée où les marchandises sont expédiées à Rome via les ports de Tyr et d’Antioche.LA ROUTE QUI A RÉVOLUTIONNÉ LE MONDE
Lors de l’effondrement de la dynastie Han en 220 av. J.-C., la Chine traverse une période de bouleversement politique. Au fil des siècles qui suivent, le monopole de la soie précieusement entretenu par les Han s’effrite et la production de soie commence à se développer au-delà des frontières chinoises. Au 6e siècle ap. J.-C., même les Romains se seront procuré leur propre approvisionnement après l’introduction clandestine de vers à soie dans l’Empire par l’Empereur romain Justinien.
De l’instant où il quitte la ville de Chang’an jusqu’à son déballage dans le quartier aristocratique d’une villa romaine un an plus tard, un rouleau de soie aura traversé une palette fascinante de cultures, de langues et de climats. Bien que la production de soie se soit étendue aux terres d’Occident, la route de la Soie continuera d’être un carrefour vibrant de cultures et d’échanges commerciaux.
Au-delà des marchandises, la route de la Soie transporte également des idées, des convulsions de la pensée et de la foi humaines qui remodèlent le monde. Le bouddhisme, le christianisme et l’islam empruntent ces chemins, affectant des cultures sur leur passage, façonnant les croyances et philosophies de différents peuples au cours du temps. Au 7e siècle, suite au retour de la Chine à la prospérité sous la dynastie Tang, la route sera ranimée par une nouvelle demande de la part des Chinois pour les produits de luxe venus d’Occident, les techniques de fabrication de l’argent, les chaises et la céramique. Afin de préserver ce commerce, les Tang entreprennent une importante expansion vers l’ouest, au moment même où les premiers missionnaires chrétiens se rendent à l’est par le biais de la route de la Soie. En parallèle, l’Islam émerge dans la péninsule arabique et se diffuse de plus en plus à l’est via les routes commerciales au cours du 8e siècle.
En 751, les troupes musulmanes des Abbassides affrontent les Chinois lors de la bataille de Talas. Cette bataille décisive, qui freine l’expansion vers l’ouest de la Chine, aurait eu une conséquence majeure. Selon la tradition, plusieurs prisonniers chinois captifs suite à la bataille de Talas auraient enseigné à leurs ravisseurs un art qui se serait diffusé à travers les contrées musulmanes jusqu’en Europe du Sud. Cette compétence transmise par les artisans chinois n’était rien d’autre que l’art de fabriquer le papier, un artisanat qui transforma l’histoire et son écriture.
https://www.nationalgeographic.fr/histoire/les-origines-fascinantes-de-la-route-de-la-soieDe Carles Buenacasa Pérez National Geographics
Tomy Stere AI article
# La route de la soie : un réseau millénaire d'échanges entre l'Asie et l'Europe La route de la soie est le nom donné à un ensemble de voies commerciales qui ont relié la Chine au monde méditerranéen pendant plus de deux millénaires, du IIe siècle av. J.-C. au XVe siècle apr. J.-C. Elle doit son nom à la soie, une étoffe précieuse et convoitée, dont les Chinois détenaient le secret de fabrication. Mais la route de la soie a été bien plus qu'une simple route commerciale : elle a été un lieu de rencontres, d'échanges et de diffusion de cultures, de religions, de techniques, d'arts et d'idées entre l'Orient et l'Occident. ## Les origines de la route de la soie La route de la soie a été initiée par les Chinois de la dynastie des Han, qui cherchaient à établir des relations diplomatiques et commerciales avec les peuples nomades d'Asie centrale et d'Iran, afin de se protéger des invasions des Xiongnu, un peuple de cavaliers redoutable. Le premier voyage connu sur la route de la soie est celui de Zhang Qian, un émissaire envoyé par l'empereur Han Wudi entre -138 et -126, qui parcourut plus de 10 000 km à travers les déserts, les montagnes et les steppes, et qui rapporta des informations précieuses sur les pays qu'il avait visités. Il ramena aussi des échantillons de soie, qui suscitèrent l'intérêt des Occidentaux. La route de la soie se développa ensuite sous les Han orientaux, qui consolidèrent leur contrôle sur les oasis du bassin du Tarim, une région stratégique située entre le désert du Taklamakan et les monts Tian Shan. Les oasis étaient des points de ravitaillement et de repos pour les caravanes, mais aussi des lieux de métissage culturel et religieux. C'est ainsi que le bouddhisme, originaire d'Inde, se propagea en Chine par la route de la soie, et que le manichéisme, le zoroastrisme, le christianisme nestorien et l'islam y firent leur apparition. ## Les périodes de prospérité de la route de la soie La route de la soie connut plusieurs périodes de prospérité, en fonction de la stabilité politique et de la sécurité des régions traversées. La première période faste fut celle de la dynastie Tang (618-907), qui restaura l'unité et la puissance de la Chine, et qui entretint des relations pacifiques avec les empires voisins, comme celui des Turcs, des Tibétains ou des Arabes. La capitale des Tang, Chang'an (actuelle Xi'an), était alors la plus grande et la plus cosmopolite des villes du monde, où affluaient les marchands, les diplomates, les moines, les artistes et les savants de toutes origines. La deuxième période faste fut celle de la paix mongole, au XIIIe siècle, lorsque l'empire mongol, fondé par Gengis Khan, unifia sous son autorité la majeure partie de l'Asie. Les Mongols favorisèrent le commerce et la circulation des personnes sur la route de la soie, en assurant la protection des caravanes et en abolissant les taxes et les barrières douanières. C'est à cette époque que des voyageurs célèbres, comme Marco Polo, le moine Guillaume de Rubrouck ou le marchand Ibn Battûta, parcoururent la route de la soie et témoignèrent de la richesse et de la diversité des civilisations qu'ils rencontrèrent. ## Le déclin de la route de la soie La route de la soie entra en déclin à partir du XVe siècle, pour plusieurs raisons. D'une part, les guerres turco-byzantines, puis la chute de Constantinople en 1453, rendirent plus difficiles et plus dangereuses les liaisons terrestres entre l'Asie et l'Europe. D'autre part, les progrès de la navigation maritime permirent aux Européens de chercher de nouvelles routes vers les Indes, en contournant l'Afrique ou en traversant l'Atlantique. Ainsi, la route de la soie fut progressivement supplantée par les routes maritimes, qui offraient plus de rapidité, de sécurité et de rentabilité. Du côté chinois, la dynastie Ming (1368-1644), qui succéda aux Mongols, adopta une politique isolationniste et interdit le commerce extérieur. Les expéditions maritimes de l'amiral Zheng He, qui explorèrent l'océan Indien entre 1405 et 1433, furent arrêtées et oubliées. La Chine se replia sur elle-même et se coupa du reste du monde. ## L'héritage de la route de la soie La route de la soie a laissé un héritage culturel et historique considérable, qui se manifeste encore aujourd'hui dans les pays qu'elle a traversés. Elle a permis le transfert de biens matériels, comme la soie, les épices, les porcelaines, les métaux précieux, les pierres fines, les tapis, les textiles, les armes, les chevaux, les fruits, les plantes médicinales, etc. Mais elle a aussi permis le transfert de biens immatériels, comme les langues, les écritures, les religions, les philosophies, les sciences, les techniques, les arts, les musiques, les danses, les contes, les légendes, etc. La route de la soie a été un facteur d'enrichissement, de dialogue, de tolérance et de créativité entre les peuples et les cultures. Elle a contribué à la formation de l'identité et de la diversité de l'Asie et de l'Europe. Elle a été un symbole de la mondialisation et de l'interdépendance des civilisations. Aujourd'hui, la route de la soie fait l'objet de nombreux projets de coopération et de valorisation, tant au niveau régional qu'international. L'UNESCO a inscrit plusieurs sites historiques et culturels de la route de la soie sur la liste du patrimoine mondial. L'OMT a lancé un programme de développement du tourisme culturel sur la route de la soie. La Chine a initié un vaste projet d'investissement et d'infrastructure, appelé la nouvelle route de la soie, qui vise à renforcer les liens économiques et politiques entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique. La route de la soie reste donc un sujet d'actualité et d'intérêt, qui témoigne de la richesse et de la complexité de l'histoire humaine.L’Afghane aux yeux verts rentre en Afghanistan après 30 ans d’exil
UN LENT RETOUR
Sharbat Gula avait été arrêtée l'année dernière pour faux et usage de faux parce qu'elle avait présenté une fausse carte d'identité pakistanaise - une pratique commune pour les 1 million de réfugiés afghans qui vivaient illégalement dans le pays. Elle risquait 14 ans d'emprisonnement et 4 260 € d'amende. Elle élevait alors seule ses quatre enfants et souffraient d'une hépatite C, qui avait emporté son époux des années auparavant. « Quand les autorités pakistanaises l'ont arrêtée et accusée de faux et d'usage de faux, c'est devenu une cause nationale pour les Afghans et pour le gouvernement afghan, » explique Nangyal. Après être restée en détention pendant deux semaines, Sharbat Gula a été relâchée et renvoyée en Afghanistan avec ses enfants. « L'Afghanistan est ma terre natale mais le Pakistan était ma terre d'accueil et je l'ai toujours considéré comme mon pays », avait-elle alors déclaré à l'AFP. « Je suis rejetée. Je n'ai d'autre choix que de partir. » Sur la seule année 2016, 370 000 réfugiés ont quitté le Pakistan pour revenir en Afghanistan. Des dizaines de milliers d'autres ont été renvoyés du Pakistan pour l'Iran et l'Europe ces dernières années, contraints ou déportés. « Cette femme est un symbole pour les Afghans et aussi un symbole pour le Pakistan, » explique Heather Barr, chercheuse pour Human Rights Watch (HRW) qui a travaillé 10 ans en Afghanistan. « La manière dont elle a été traitée par les autorités pakistanaises devant les caméras du monde entier a été perçue comme une humiliation par le gouvernement afghan : "Voilà la femme qui a fui votre pays pour le nôtre." Les autorités afghanes ont répondu en l'accueillant de manière ostentatoire. Le message était clair "Nous pouvons prendre soin de nos ressortissants". » Sharbat Gula a été accueillie par le président Ashraf Ghani, qui lui a remis les clefs de son nouvel appartement et a promis à ses enfants qu'ils bénéficieraient des meilleurs soins et de la meilleure éducation. « Nous lui souhaitons un très bon retour dans sa terre natale, » a déclaré Ghani au cours d'une cérémonie. « Je l'ai dit plusieurs fois, et je le répète : notre pays ne sera à nouveau complet que lorsque tous nos réfugiés seront revenus chez eux. » En septembre dernier, le neveu par alliance de Sharbat, Niamat Gul, s'est plaint aux médias afghans que le gouvernement n'avait pas payé leur rente. Nangyal, le porte-parole du gouvernement, s'en défend et assure que la rente avait bien été payée depuis le retour de Sharbat et de sa famille en Afghanistan. Quand elle a demandée une maison plus traditionnelle, dit-il, elle a été relogée dans une résidence de 10 chambres près du palais présidentiel temporaire, le temps qu'une autre maison lui soit achetée. La nouvelle demeure est sécurisée, et les invitations sont très sélectives. Niamat Gul explique que cette attention très forte depuis qu'elle a fait la couverture de National Geographic la rend très impopulaire auprès des Afghans conservateurs qui voient d'un mauvais œil qu'une telle attention médiatique soit accordée à une femme. Son nom apparaît désormais sur les actes de propriété de sa nouvelle résidence, ce qui fait d'elle l'une des rares femmes afghanes propriétaires (seuls 17 % de femmes le sont en Afghanistan). Le numéro de juin 1985 du magazine National Geographic a rendu célèbre l'"Afghane aux yeux verts".PERDUE ET RETROUVÉE
Ces quinze dernières années, beaucoup de caméras ont été attirées par Sharbat Gula. L'identité de l' « Afghane aux yeux verts » était inconnue jusqu'en 2002, jusqu'à ce que le photographe Steve McCurry retrouve sa trace dans les montagnes séparant le Pakistan et l'Afghanistan. Un analyste du FBI, spécialisé dans la reconstitution faciale et inventeur du système de reconnaissance de l'iris (système IRIS) a vérifié son identité. Elle est apparue une deuxième fois en couverture de National Geographic, devenant l'une des rares personnes en ayant fait deux fois la couverture. À l'époque, Sharbat Gula était une femme mariée et ne savait pas que son visage était connu dans le monde entier. Elle a confié alors à Steve McCurry qu'elle espérait que ses filles auraient l'éducation qu'elle n'a jamais eue. Ce sera le cas désormais : ses filles entreront à l'école à la rentrée prochaine, d'après Gul, et compléteront leur éducation. Le gouvernement afghan l'encourage à étendre ce rêve au plus grand nombre. Nangyal, le porte-parole du gouvernement, a suggéré la création d'une fondation pour l'éducation des enfants et l'émancipation des femmes, particulièrement parmi les populations rapatriées. Elle considère cette offre sérieusement « Mon message à toutes mes sœurs est de ne pas marier leurs filles à un jeune âge, » a-t-elle dit à BBC Persia. « Laissons-les terminer leur éducation au même âge que nos fils. » Mais les propres filles de Sharbat Gula arrivent dans un Afghanistan qui offre de moins bonnes perspectives d'avenir que celles que sa mère avait il y a plus de 30 ans. Aujourd'hui, seule la moitié des filles afghanes sont scolarisées, et la majorité abandonnent l'école entre 12 et 15 ans. Dans les campagnes, le nombre de filles scolarisées décline. Human Rights Watch explique que l'égalité des sexes en Afghanistan a pris du retard par rapport au Pakistan et à l'Iran, qui ont accueilli en tout six millions de réfugiés afghans pendant la guerre. Les femmes et les filles revenant en Afghanistan devront accepter d'être toujours accompagnées d'un homme pour les escorter et pour prendre pour elles les décisions importantes. Parfois, comme le rapporte HRW, ces réfugiées sont perçues comme « immorales ou indécentes, » parce qu'elles ont grandi à l'étranger. De fait, les réfugiées sont de plus en plus susceptibles de subir des discriminations et des violences sexuelles, selon Manizha Naderi, directrice de Women for Afghan Women. « Si Sharbat Gula a été accueillie chaleureusement en Afghanistan, des milliers d'autres réfugiées afghanes sont forcées de revenir dans leur pays natal sans leur famille, sans emploi ou logement, sans espoir d'une vie stable. » Lien de l'article original: http://www.nationalgeographic.fr/photographie/lafghane-aux-yeux-verts-rentre-en-afghanistan-apres-30-ans-dexil
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