Dans la Chine impériale, vivait un vieux mandarin nommé Wei. Connu pour son amour des chevaux, il parcourait les provinces à la recherche des plus beaux spécimens.

Un jour, guidé par des rumeurs d’un cheval extraordinaire, Wei entreprit un long voyage vers les montagnes de l’ouest. Après des semaines de route, il arriva dans un petit village niché entre deux pics escarpés.

 

Là, il découvrit l’étalon noir dont on lui avait tant parlé. L’animal était d’une beauté stupéfiante : sa robe luisait comme de l’obsidienne, sa crinière ondulait dans le vent telle une rivière d’encre. Mais ce qui frappa le plus Wei, c’était l’intelligence qui brillait dans les yeux du cheval.

Le propriétaire, un fermier local, refusa catégoriquement de vendre l’étalon. « Ce cheval est impossible à dompter, » expliqua-t-il. « Il a déjà blessé plusieurs hommes qui ont essayé de le monter. »

Wei réfléchit un moment, puis proposa un défi : « Si je parviens à monter ce cheval, me le vendriez-vous ? »

Intrigué, le fermier accepta, pensant que le vieux mandarin n’avait aucune chance.

Wei s’approcha lentement de l’étalon, lui parlant doucement en un ancien dialecte. À la surprise de tous les villageois rassemblés, le cheval resta calme. Wei tendit la main, et l’étalon vint de lui-même poser son museau contre sa paume.

Avec une agilité surprenante pour son âge, Wei monta sur le dos de l’animal. Au lieu de se cabrer, l’étalon resta parfaitement immobile.

« Comment avez-vous fait ? » demanda le fermier, stupéfait.

Wei sourit. « Ce cheval n’avait pas besoin d’être dompté. Il avait besoin d’être compris. »

Le mandarin et l’étalon partirent alors pour une longue chevauchée à travers les montagnes. Ils revinrent au crépuscule, homme et bête en parfaite harmonie.

Le fermier, reconnaissant la connexion unique entre Wei et le cheval, accepta finalement de le lui vendre.

Alors que Wei se préparait à repartir, les villageois lui demandèrent son secret. Il leur répondit simplement : « La patience et le respect sont les clés pour gagner la confiance, que ce soit avec les hommes ou les chevaux. »

Cette histoire se répandit dans tout l’empire, ajoutant à la légende de Wei, le mandarin marchant de chevaux, et enseignant une précieuse leçon sur la compréhension mutuelle et le respect.

La méthode de Wei pour interagir avec le cheval était fondée sur plusieurs principes clés :

  1. L’approche calme : Lorsque Wei s’approcha de l’étalon, il le fit lentement et délibérément. Ses mouvements étaient fluides et mesurés, évitant tout geste brusque qui aurait pu effrayer l’animal. Cette approche tranquille permettait au cheval de s’habituer à sa présence sans se sentir menacé.
  2. La communication non verbale : Wei était très attentif au langage corporel du cheval. Il observait les oreilles, les yeux, et la position de la queue de l’animal pour comprendre son état émotionnel. En retour, il utilisait sa propre posture pour communiquer ses intentions pacifiques.
  3. Le respect de l’espace personnel : Le mandarin comprenait l’importance de respecter l’espace personnel du cheval. Il s’arrêtait à une distance confortable pour l’animal et attendait que celui-ci fasse le premier pas pour s’approcher.
  4. L’utilisation de la voix : Wei parlait doucement à l’étalon dans un ancien dialecte. Le ton de sa voix était calme et rassurant. Bien que le cheval ne comprenait pas les mots, il réagissait positivement à la tonalité apaisante.
  5. L’établissement d’un lien : Avant même d’essayer de monter, Wei passait du temps à établir un lien avec le cheval. Il lui permettait de le sentir et de s’habituer à son odeur. Il le caressait doucement, en commençant par des zones où le cheval était à l’aise, comme l’encolure.
  6. La lecture des signaux : Wei était expert dans la lecture des signaux subtils du cheval. Il savait interpréter un léger mouvement de tête, un frémissement de peau, ou un changement dans la respiration de l’animal.
  7. La patience : Wei ne précipitait jamais les choses. Il laissait le cheval dicter le rythme de leur interaction, sachant que la confiance ne pouvait être forcée.
  8. L’échange d’énergie : Le mandarin croyait en l’importance de l’échange d’énergie entre l’homme et le cheval. Il se concentrait sur le maintien d’une énergie calme et positive, que le cheval pouvait ressentir.
  9. Le respect mutuel : Wei traitait le cheval comme un partenaire égal, pas comme une créature à dominer. Cette attitude de respect mutuel était la clé de sa réussite.
  10. L’intuition : Enfin, Wei faisait confiance à son intuition, développée au fil de nombreuses années d’expérience avec les chevaux. Il savait quand pousser légèrement et quand reculer, en se basant sur sa compréhension profonde du comportement équin.

Cette approche holistique permettait à Wei de gagner rapidement la confiance des chevaux, même ceux réputés difficiles comme l’étalon noir. Sa méthode démontrait que la douceur et la compréhension pouvaient réussir là où la force avait échoué.

 

 

photo de Gianstefano Fontana Vaprio