Traversée des Alpes avec des éléphants

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Annibale, ou Hannibal en latin, est un célèbre général carthaginois qui a mené une guerre contre Rome au IIIe siècle avant J.-C. Il est surtout connu pour avoir réalisé l’exploit de traverser les Alpes avec son armée, composée de milliers d’hommes, de chevaux et d’éléphants, pour attaquer l’Italie par le nord.

Le contexte historique

La traversée des Alpes par Annibale s’inscrit dans le cadre de la deuxième guerre punique, qui oppose Carthage et Rome de 218 à 201 av. J.-C. Cette guerre est la suite de la première guerre punique, qui a vu la victoire de Rome sur Carthage et la perte de la Sicile et de la Sardaigne pour cette dernière. Annibale, qui est le fils d’Hamilcar Barca, un grand chef militaire carthaginois, hérite de la haine de son père envers Rome et de son ambition de reconquérir les territoires perdus. Il se lance donc dans une campagne de conquête de l’Espagne, qui est une source de richesses et de soldats pour Carthage. En 219 av. J.-C., il assiège la ville de Sagonte, qui est alliée à Rome, et provoque ainsi le déclenchement de la deuxième guerre punique.

Annibale décide alors de porter la guerre en Italie, en espérant soulever les peuples gaulois et italiens contre Rome. Pour cela, il choisit de prendre un chemin inattendu et audacieux : il traverse la Gaule, franchit le Rhône et escalade les Alpes. Il veut ainsi éviter la flotte romaine, qui domine la mer Méditerranée, et surprendre son ennemi par son arrivée soudaine sur son territoire.

Le déroulement de la traversée

Annibale part de Carthagène, sa capitale en Espagne, avec une armée de 90 000 fantassins, 12 000 cavaliers et 37 éléphants. Il se dirige vers le nord en longeant la côte, puis traverse les Pyrénées. Il affronte ensuite les tribus gauloises qui lui opposent une résistance, notamment les Volques et les Allobroges. Il parvient à se faire des alliés parmi les Gaulois, qui lui fournissent des guides et des renforts. Il atteint le Rhône, qu’il traverse à l’aide de radeaux, malgré la présence d’une armée romaine commandée par Publius Cornelius Scipio, qui arrive trop tard pour l’empêcher de passer.

Malgré tout Annibale continue sa marche vers les Alpes, qu’il atteint à la fin du mois d’octobre 218 av. J.-C. Il doit alors faire face à de multiples difficultés : le froid, la neige, les éboulements, les embuscades des tribus montagnardes, la fatigue et la faim de ses hommes et de ses bêtes. Il perd une grande partie de son armée dans cette traversée, qui dure environ quinze jours. Il ne lui reste plus que 20 000 fantassins, 6 000 cavaliers et quelques éléphants quand il arrive dans la plaine du Pô, en Italie.

Les conséquences de la traversée

Passer les Alpes est un exploit militaire et logistique, qui lui permet de prendre de vitesse et de court les Romains. Il réussit à s’implanter en Italie, où il remporte plusieurs victoires éclatantes, comme à la bataille du Tessin, à la bataille de la Trébie, à la bataille du lac Trasimène et à la bataille de Cannes. Il fait trembler Rome, qui craint de voir sa capitale envahie. Il s’attire aussi la sympathie et le soutien de certains peuples italiens, qui voient en lui un libérateur.

Cependant, la traversée des Alpes a aussi un coût élevé pour Annibale, qui perd une grande partie de ses forces et de ses éléphants, qui sont un symbole de sa puissance. Il ne reçoit pas de renforts suffisants de Carthage, qui est occupée à défendre ses autres fronts. Il ne parvient pas à s’emparer de Rome, qui résiste grâce à son organisation, à sa démographie et à son patriotisme. Il finit par être vaincu par Scipion l’Africain, le fils du premier Scipion, à la bataille de Zama, en 202 av. J.-C., qui met fin à la deuxième guerre punique et consacre la suprématie de Rome sur le monde méditerranéen.

Les sources et les débats sur la traversée

La traversée des Alpes par Annibale est un événement historique qui a suscité l’intérêt et la curiosité de nombreux auteurs antiques et modernes. Les principales sources antiques sont les historiens grecs Polybe et Tite-Live, qui ont écrit au IIe et au Ier siècle av. J.-C., respectivement. Polybe est considéré comme le plus fiable, car il a été le témoin direct de la deuxième guerre punique et qu’il a interrogé des vétérans carthaginois et romains. Tite-Live, quant à lui, s’inspire de Polybe, mais il ajoute aussi des éléments tirés d’autres sources, parfois contradictoires ou légendaires.

Le principal débat qui anime les historiens concerne l’itinéraire exact suivi par Annibale pour traverser les Alpes. Il existe plusieurs hypothèses, qui se fondent sur l’interprétation des textes antiques, sur la géographie des lieux, sur les données archéologiques et sur les reconstitutions expérimentales. Parmi les cols envisagés, on peut citer le col du Petit-Saint-Bernard, le col du Mont-Cenis, le col de la Traversette, le col de Clapier ou le col de Larche. Aucune de ces hypothèses n’est cependant totalement satisfaisante, et le mystère reste entier.

Conclusion

L’exploit de traverser les Alpes avec des éléphants est un épisode marquant de l’histoire antique, qui illustre le génie et l’audace du général carthaginois, mais aussi les limites de sa stratégie. C’est un exploit qui a fasciné et qui fascine encore les historiens, qui cherchent à en percer les secrets. C’est aussi un symbole de la rivalité entre Carthage et Rome, qui se sont disputé la domination du monde méditerranéen.